Christiane Candries - Voyage de matière

Le doute, mon vieux compagnon...

Le doute, mon vieux compagnon de route, et l’effroi devant la marche du monde, sont à la base de mon travail.

Mais il ne s’agit pas d’illustrer des idées.

Il est des peintres, rares, qui savent parler des carnages du monde moderne par des moyens réellement picturaux, et j’irai jusqu’à dire « d’heureuse peinture », qui chante aussi la beauté. Devant ceux-là, je m’incline.

Ma démarche consiste à travailler à une « façon d‘être ». Quelque chose qui serait de l’ordre de la méditation et qui, idéalement, devrait tendre à transformer l’état intérieur. J’aime à voir les visages s’apaiser au vu d’une peinture.

Techniquement, et ce choix n’est pas innocent, il s’agit de moyens non expéditifs : des couches successives, à travers des trames, d’un amalgame coloré dans la masse. Le séchage est lent, incite à la patience et au retour incessant à l’idée initiale ou à sa remise en cause. Hormis cette recherche, je retourne régulièrement au portrait fouillé, qui reste à mes yeux une interrogation majeure.

Après des années et des années de travail pour le théâtre, monde stressant par excellence, où la rapidité est indispensable, cet exercice représente une introspection bouleversante.


Christiane Candries.

galerie